|
|
L'étude proposée ici, restreinte à quelques exemples, met bien en évidence les interactions très étroites qui peuvent exister entre certaines espèces d'Apoidés et certaines espèces d'Angiospermes. Les fleurs fournissent de la nourriture (pollen, nectar) aux insectes qui assurent la pollinisation (le plus souvent croisée) de la plante. Ainsi, les protagonistes bénéficient mutuellement des relations qu'ils ont établies. On constate que les plantes impliquées présentent des particularités florales très efficaces pour attirer leur partenaires Apoides, leur permettre de récolter du nectar et de récupérer du pollen.On observe que les Apoides butineurs peuvent être sensibles à certains signaux floraux et qu'ils présentent des dispositifs spécialisés dans la récolte du nectar et dans la récupération et le transport du pollen. |
|
|
Notion de coévolution
La coévolution est un processus caractérisé par des changements évolutifs réciproques entre 2 espèces (ou plus) qui ont des interactions fortes. Elle nécessite la survenue, dans le patrimoine héréditaire des espèces partenaires, de modifications successives qui se traduisent, au niveau phénotypique par des caractères qui se retrouvent fixés par le jeu des pressions sélectives réciproques.
Quelques repères concernant la rencontre des histoires évolutives des Angiospermes et des Apoides
-
Les marqueurs les plus anciens de l'existence des Angiospermes sont des grains de pollen datés du crétacé inférieur (-136 Ma), les plus anciennes fleurs (appartenant à un genre éteint) fossiles connues ayant été datées d'environ - 125 Ma. Les Angiospermes seraient apparues il y a plus de 136 Ma . Les phylogénies moléculaires proposent une émergence plus ancienne du groupe. Il semble acquis que le groupe est devenu dominant sur la planète dès le Crétacé moyen (vers -100 Ma) avec des représentants diversifiés et abondants. A la fin du Crétacé (-65 Ma) les Angiospermes occupent la plupart des niches écologiques. Le groupe a donc subi une diversification rapide au Crétacé avec une radiation maximale au Crétacé moyen, notamment pour les Eudicotylédones (75% des Angiospermes actuelles) qui auraient émergé il y a environ 125 Ma (plus anciens grains de pollen tricolpés fossiles connus). L'explosion du Crétacé a été interrompue par la crise K-T mais l'importance des extinctions est difficile à évaluer à l'échelle de la planète.Une nouvelle phase de diversication, amorcée aprés la crise, s'est développée au Cénozoïque.
Les exemples de plantes décrites dans cette étude appartiennent toutes au taxon des Eudicotylédones sauf Galanthus nivalis (Monocotylédone).
- La superfamille Apoideae, groupe monophylétique comprend les guêpes apoides (Sphecidea) et le groupe des abeilles "sens large" (Antophila) avec 9 familles (en particulier Apoidea et Andrenidae). Les arbres phylogénétiques basés sur des données moléculaires et morphologiques suggèrent que la lignée Anthophile a émergé à partir d'un rameau de guêpes prédatrices Sphecidiformes, la divergence ne pouvant être calée dans le temps que très approximativement car les données paléonthologiques sont rares.
Le plus ancien fossile considéré comme appartenant au groupe des abeilles (Melittosphex burmensis), retrouvé dans l'ambre, a été daté d'environ -100 Ma. Il
présente des caractères propres aux abeilles collectrices de pollen (poils ramifiés) et d'autres propres à certaines guêpes Sphécidiformes. On peut supposer que cette abeille qui appartient à une lignée éteinte, pouvait récolter du pollen pour nourrir ses larves contrairement aux guêpes prédatrices.
Sophie Cardinal et Bryan N. Danforth situent l'ancêtre commun (hypothétique) à toutes les abeilles Anthophiles entre -113 et -132 Ma (-123 Ma).
Actuellement, le groupe des abeilles comprend environ 20 000 espèces et
les données phylogénétiques situent l'émergence de la plupart des principaux clades au Crétacé moyen et supérieur.
|