Les grands traits de l'évolution staminale

dans le genre Salvia

Les recherches récentes, basées sur le rapprochement entre caractères morphologiques et données de la phylogénie moléculaire, permettent de proposer l'esquisse d'un schéma hypothétique qui fournit quelques pistes concernant les grandes lignes de l'évolution staminale des Sauges. Quelles sont ces pistes?

La tendance générale de l'évolution staminale dans le genre Salvia
Il est admis que l'ancêtre commun (hypothétique) à toutes les espèces de la tribu Mentheae (monophylétique) possédait 4 étamines avec chacune 2 loges polliniques à l'extrémité d'un filet prolongé par un connectif peu développé. Le dispositif staminal ancestral des espèces du genre Salvia (élargi) ne comprend plus que 2 étamines et la tendance évolutive générale au sein du groupe est la suivante:
- élongation du connectif avec éloignement progressif des 2 loges polliniques pour chaque étamine
- réduction de la loge pollinique postérieure qui devient non fonctionnelle pour chaque étamine
- fusion des bras postérieurs des connectifs (chacun portant les vestiges modifiés d'une loge pollinique postérieure) des 2 étamines
- dispositif staminal fonctionnant comme un levier distributeur de pollen.

L'élongation du connectif, une innovation qui a pu apparaître au moins 3 fois à différents moments
JB. Walker et KJ. Sytsma (voir publication) proposent une apparition indépendante de l'élongation du connectif pour chacune des 3 lignées mises en évidence par la phylogénie moléculaire. Pour chacun des 3 clades, il y a au moins un groupe frère, étranger au genre Salvia qui présente des étamines avec un début de modification du connectif. Par exemple, dans le genre Perovskia, groupe frère du clade I, les étamines montrent une élongation peu marquée mais néanmoins repérable du connectif.
Dans chacune des lignées, l'évolution n'a pas suivi exactement la même voie mais les modifications staminales pourraient avoir progressé, indépendamment, en suivant les mêmes étapes fondamentales (énumérées dans le paragraphe ci-dessus). C'est ce que résume le schéma hypothétique proposé par JB. Walker et KJ. Sytsma. dont une partie est reprise ci-dessous.

Les types d'étamines représentés ici correspondent à des espèces actuelles spontanées ou cultivées en France.