Particularités structurales et fonctionnelles

des étamines des Sauges

Au sein de la tribu des Mentheae, le genre Salvia est caractérisé par la structure particulière des étamines, décrite en détail, par ailleurs, chez Salvia pratensis.
Il s'agit ici de montrer, à travers l'observation des étamines de quelques autres espèces que les particularités structurales staminales sont bien présentes même si elles sont diversifiées, leur spécialisation résultant d'une coévolution avec des pollinisateurs (insectes, oiseaux).
Deux étamines fonctionnelles pour les Sauges au lieu de quatre pour la plupart des Mentheae
La plupart des espèces de la tribu des Mentheae possède 4 étamines fonctionnelles comme Mentha sylvestris alors que les Sauges n'en ont plus que 2. En effet, dans le genre Salvia, le développement des étamines postérieures est inhibé précocement, elles restent à l'état de staminodes (voir ci-dessus).
Particularités structurales des étamines des Sauges
L'organisation de l'étamine considérée comme ancestrale des Mentheae correspond à celle qu'on observe habituellement chez les Angiospermes avec un filet allongé, une anthère à 2 loges polliniques fertiles unies par le connectif (prolongement du filet). Voir ci-dessous la structure de l'étamine de Mentha sylvatica.
- Dans le genre Salvia, la partie fertile de chaque étamine est réduite à une seule loge pollinique.

Etamine de Mentha sylvatica : anthère à 2 loges polliniques (après déhiscence), filet allongé.
Etamine de Salvia uliginosa et étamine de Salvia rutilans : 1/2 anthère, une seule loge polllinique fertile, connectif allongé, le filet n'apparaît pas sur l'image.
Compléments: voir Salvia pratensis

- Dans le genre Salvia, le connectif allongé de chaque étamine porte une loge pollinique supérieure fertile et l'autre, modifiée, le plus souvent stérile.
Explications : voir Salvia pratensis
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- L'observation des étamines de Salvia glutinosa permet de bien comprendre l'organisation du dispositif staminal des Sauges. En effet on peut repérer pour chaque étamine le connectif allongé avec à l'extrémité supérieure une loge pollinique fertile qui a subi un développement complet et à l'autre bout, une loge de petite dimension stérile. Le filet qui attache l'étamine à la corolle est court, il est relié au connectif par une "articulation".
- Les mêmes observations peuvent être faites avec les étamines de Salvia officinalis, la loge pollinique portée par le bras inférieur du connectif est bien réduite mais elle peut encore produire du pollen. Le filet et le connectif ont à peu près la même longueur et les 2 bras du connectif également.
Pour plus de détails, voir étude réalisée chez Salvia pratensis.
- Chez certaines Sauges, par exemple Salvia coccinea, le bras inférieur court du connectif est tellement modifié qu'on ne reconnaît plus les structures caractéristiques d'une loge pollinique.

Particularités fonctionnelles des étamines des Sauges
- Dans le genre Salvia, le dispositif staminal peut souvent fonctionner comme un levier distributeur de pollen favorisant un mode de pollinisation particulier
Le connectif allongé, avec à l'extrémité de son bras inférieur une loge pollinique modifiée et l'existence d'une liaison connectif /filet élastique (joint) caractérisent la structure des étamines des Sauges même si il existe d'importantes différences entre les espèces. Le dispositif staminal permet le plus souvent aux étamines (par mise en action des "articulations " connectif / filet) de basculer vers l'avant (voir explication détaillée pour Salvia pratensis) si une pression est exercée sur l'extrémité modifiée des bras postérieurs des connectifs.

- La pédale du levier staminal est le plus souvent située à l'entrée du tube de la corolle au fond duquel se trouvent les nectaires (voir Salvia pratensis). La mise en action du levier staminal peut être déclenchée par les pièces buccales d'un insecte (abeilles, bourdons) ou par le bec d'un oiseau (colibris /continent américain) lors de la récolte du nectar. Le basculement des étamines permet le dépôt de pollen sur le dos de l'insecte ou sur la tête de l'oiseau qui jouent alors le rôle de pollinisateurs.
Rq / La pollinisation entomophile de Salvia pratensis est décrite par ailleurs (voir interactions Salvia pratensis / bourdon). Certaines Sauges ornithophiles sont cultivées en France mais il manque les pollinisateurs. C'est le cas de Salvia patens et S. guaranatica qui possèdent d'ailleurs un levier fonctionnel.

Une fleur de Salvia glutinosa est visitée par un bourdon. La récolte du nectar (produit au fond de la corolle) par le butineur s'accompagne de la mise en action du levier staminal par l'insecte. Les loges polliniques fertiles basculent alors vers l'avant et déposent du pollen sur le dos du bourdon qui peut ainsi jouer le rôle de pollinisateur.